Avis NymVPN : un VPN décentralisé qui bouscule les standards du marché

Porté par une vision radicale de la confidentialité en ligne, NymVPN entend repenser les fondements mêmes du VPN. Ici, tout repose sur un réseau distribué, un système de gouvernance communautaire, et une technologie héritée des recherches en cryptographie avancée. Un projet atypique, exigeant, mais qui coche toutes les cases du presque-anonymat.

Derrière l’essor des VPN, une réalité souvent éludée : la plupart des services du marché reposent sur une architecture centralisée, où le fournisseur garde le contrôle total des connexions et peut potentiellement tracer ses abonnés.

NymVPN prend le contrepied de cette approche avec une promesse radicale : rendre la confidentialité en ligne réellement indéchiffrable, même face aux systèmes de surveillance les plus avancés. Sa technologie principale repose sur un mixnet, un réseau décentralisé conçu pour brouiller non seulement le contenu des communications, mais aussi leurs métadonnées, de manière à résister à l’analyse du trafic et aux interceptions à grande échelle. Pour les usages quotidiens, il propose aussi un mode dVPN (VPN décentralisé), plus rapide, qui s’appuie sur le même réseau distribué tout en offrant un bon niveau de confidentialité.

Sur le papier, c’est peut-être ce qui se rapproche le plus de l’anonymat absolu – du moins, autant que la technique le permet.

Derrière cette ambition, un projet à contre-courant des standards du secteur. NymVPN s’appuie sur des bases académiques et scientifiques solides, nourries par des années de recherche en cryptographie et en cybersécurité. L’équipe réunit des profils issus de grandes institutions (MIT, Inria, UCL, KU Leuven, W3C), avec l’objectif assumé de construire des outils concrets capables de résister à la surveillance de masse.

Autour de Nym gravitent aussi des figures engagées dans la défense des libertés numériques, comme Chelsea Manning ou Ben Laurie. Un beau pedigree, mais qui n’ôte rien à la cohérence d’ensemble : une architecture technique conçue dès le départ pour garantir l’anonymat, des choix de développement dictés par des impératifs de sécurité, et une approche résolument anti-centralisation.

Bref, a priori, NymVPN ne cherche pas à capitaliser sur la tendance VPN. Il prolonge l’héritage cypherpunk, qui considère la cryptographie comme l’outil le plus fiable pour protéger la vie privée, la liberté d’expression et l’autonomie individuelle en ligne.

L’infrastructure de NymVPN

NymVPN revendique plus de 600 nœuds (mixnodes) actifs répartis dans une soixantaine de pays. Mais ici, pas de datacenters centralisés ni de prestataires sous contrat. Chaque nœud est opéré de manière indépendante, dans une logique décentralisée assumée. Les localisations affichées reposent sur des estimations par géolocalisation IP, issues de bases publiques comme celles de MaxMind ou ipinfo.io. Autrement dit, la diversité géographique du réseau est bien réelle, mais les emplacements précis doivent être considérés à titre indicatif.

À la différence de Tor, qui repose sur une architecture similaire mais entièrement bénévole, NymVPN s’appuie sur un modèle de participation rétribuée et encadrée. Les opérateurs de mixnodes sont rémunérés en jetons NYM, et les internautes peuvent leur confier leurs jetons en fonction de la confiance qu’ils leur accordent. Ce système de délégation crée une forme de réputation collective, censée entraver les tentatives de manipulation du réseau.

Sur le plan technique, le mode mixnet repose sur un routage à cinq étapes successives : une passerelle d’entrée, trois mixnodes intermédiaires sélectionnés aléatoirement, et une passerelle de sortie. À chaque saut, les paquets sont chiffrés en couches (selon un schéma de type onion), mélangés à ceux d’autres internautes et retardés aléatoirement, afin de rendre toute corrélation temporelle impossible. Le trafic est également fragmenté en paquets de taille fixe et enrichi de paquets factices pour densifier le réseau et renforcer la confidentialité générale. Aucun nœud ne connaît la totalité du parcours, aucun n’a accès au contenu en clair, et aucune autorité centrale ne peut observer ou reconstituer l’ensemble du trafic.

NymVPN est-il gratuit ?

Pour l'heure, NymVPN ne propose ni VPN gratuit, ni période d’essai. En revanche, à l’image de la majorité de ses concurrents, il applique une garantie de remboursement de 30 jours.

Quels sont les prix pratiqués par NymVPN

NymVPN propose trois formules avec ou sans engagement, offrant toutes les mêmes fonctionnalités, à savoir le mode mixnet pour une confidentialité avancée, le mode dVPN basé sur WireGuard (AmneziaWG) pour les usages quotidiens, un accès complet à l’ensemble des mixnodes du réseau, et la possibilité de connecter jusqu’à 10 appareils, au prix HT de :

• 11,99 €/mois pour un mois ;
• 6,49 €/mois pour 1 an, soit 77,88 € facturé en une fois ;
• 4,99 €/mois pour 2 ans, soit 119,76 € facturé en une fois.

Vous pouvez régler par carte bancaire (via Stripe), en jetons NYM, ou en cryptomonnaie via la plateforme BTCPay (service auto-hébergé et open source), avec prise en charge de Bitcoin (BTC) et Monero (XMR). Les paiements effectués en tokens ou en cryptos bénéficient actuellement d’une réduction de 50 % sur l’ensemble des plans proposés.

Télécharger et installer NymVPN

L’accès à NymVPN se fait sans création de compte classique. Une fois votre plan de souscription choisi, le service génère aléatoirement et localement une phrase d’accès anonyme de 24 mots. Elle remplace l’identifiant et le mot de passe traditionnels, et constitue la seule clé permettant d’accéder à votre abonnement. Nym ne la stocke pas et ne pourra pas vous aider à la récupérer si vous l’égarez. Pensez donc à la conserver en lieu sûr, dans un gestionnaire de mots de passe, par exemple.

NymVPN propose des clients sur Windows, macOS, Linux, Android et iOS. L’installation est fluide sur tous les systèmes, avec une configuration simplifiée sur desktop comme sur mobile. Sur Linux, quelques étapes supplémentaires peuvent être nécessaires en fonction des distributions (instructions détaillées disponibles sur le site officiel).

Interface et fonctionnalités

Organisation du client VPN

NymVPN affiche une interface épurée, presque « early adopter », mais plus facile à prendre en main qu’il n’y paraît. Contrairement à la plupart des VPN grand public, il n’y a ni bouton de connexion rapide, ni système de favoris. Avant chaque connexion, il faut choisir manuellement le mode souhaité – VPN ou mixnet – puis sélectionner une passerelle d’entrée et une passerelle de sortie.

Le moteur de recherche intégré permet de filtrer les serveurs par nom ou localisation, et chaque passerelle affiche un indicateur de qualité de sa bande passante, utile pour orienter son choix.

Tous les serveurs recensés disposent également d’une clé d’identification publique, accessible directement depuis l’interface. Elle n’est pas indispensable pour les usages courants, mais permet de vérifier que la passerelle sélectionnée appartient bien à l’infrastructure de Nym, et qu’il ne s’agit pas d’un relais malveillant ou fantôme.

Du côté des paramètres, on retrouve quelques options avancées, parmi lesquelles un kill switch actif en permanence – et non désactivable. Il est aussi possible de consulter les logs de connexion stockés localement, ou d’envoyer, si on le souhaite, des rapports d’erreurs anonymes (désactivés par défaut, conformément à la ligne de conduite du projet). L’application permet enfin de basculer entre un affichage clair ou sombre.

Choix des emplacements

Le choix des serveurs s’effectue manuellement, sans option de connexion rapide ni profil prédéfini pour le streaming, le P2P ou l’accès à Tor. Environ 150 passerelles sont proposées – points d’entrée et de sortie confondus – mais elles ne reflètent qu’une partie du réseau global, qui compte un peu plus de 600 nodes.

En mode dVPN, la connexion s’établit entre deux serveurs choisis par l’utilisateur ou l’utilisatrice, dans une configuration multihop classique. Le mode mixnet, lui, ajoute des étapes intermédiaires. Après sélection de la passerelle d’entrée, le trafic transite automatiquement par trois mixnodes choisis aléatoirement – et non configurables manuellement – avant de ressortir par une passerelle de sortie. Ce fonctionnement limite toute tentative de traçage par corrélation.

Protocoles et chiffrement

NymVPN propose deux modes de connexion, selon le niveau de confidentialité recherché. Le mode dVPN privilégie la vitesse et la stabilité, grâce à AmneziaWG, une version modifiée de WireGuard conçue pour mieux dissimuler le trafic VPN sans sacrifier performances ni légèreté.

Le mode mixnet s’appuie sur le protocole Sphinx, qui encapsule chaque message dans plusieurs couches de chiffrement, une par nœud intermédiaire. Ce protocole est combiné à des techniques de protection renforcées — délais aléatoires, paquets factices, fragmentation — déjà décrites plus haut. Pour garantir la sécurité des contenus et des métadonnées, AES-256, ChaCha20-Poly1305 ou encore Lioness viennent compléter la chaîne de chiffrement.

Support technique

Le support de NymVPN passe par un formulaire en ligne, couplé à un chat automatisé. En dehors des heures d’ouverture (15 h à 19 h, heure de Paris), une réponse différée peut être envoyée par mail, sans obligation de fournir une adresse principale. Un conseiller prend ensuite le relais si nécessaire.

Test de vitesse

Pour la rédaction de cet avis, nos tests de vitesse ont été menés sur un MacBook Air (M1, 2020), équipé d’une connexion fibrée et filaire (débit descendant annoncé : 1 Gb/s ; débit ascendant annoncé : 700 Mb/s).

Afin d’obtenir des résultats aussi neutres que possible, nous avons effectué des relevés sur le site nPerf, trois fois par jour (9h, 13h, 18h) pendant cinq jours, sans et avec VPN, pour AmneziaWG. Pour les mesures avec VPN, nous avons choisi de tester les serveurs automatiquement attribués par NymVPN en France, aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Japon.

Impossible, en revanche, de mesurer les performances du mixnet. Par nature, cette architecture repose sur un acheminement aléatoire, avec des délais injectés volontairement à chaque étape. Elle n’est pas pensée pour le streaming ou la navigation fluide, mais pour transmettre des messages qui peuvent se permettre d’arriver en différé. Autrement dit, c’est un mode qui s’évalue en termes de confidentialité, pas en termes de débits.

En mode AmneziaWG, NymVPN ne décroche pas la palme des performances… mais il s’en sort très honorablement, avec des débits stables et une latence contenue sur les serveurs les plus proches. En France, on atteint en moyenne 295 Mb/s en téléchargement et 238 Mb/s en envoi, pour un ping de 40 ms. Des résultats très corrects, même si on reste loin du débit brut sans VPN (plus de 900 Mb/s). Le Royaume-Uni suit la même tendance, avec des vitesses élevées et une latence modérée.

Côté transatlantique, les performances s’effritent logiquement : un peu moins de 300 Mb/s vers les États-Unis, mais une latence qui grimpe à 173 ms. Le Japon, plus éloigné encore, tombe à 113 Mb/s, avec un ping contenu à 147 ms. Rien d’anormal à ce niveau : plus la passerelle est distante, plus le réseau met de temps à acheminer les paquets.

Même constat en mobilité : sur nos tests en 4G, NymVPN ne brille pas par ses performances brutes, mais reste dans la moyenne. Avec un débit descendant autour de 29 Mb/s et un envoi à 4,7 Mb/s, le service fait mieux que Mullvad, mais reste derrière les cadors comme Proton ou ExpressVPN. La latence, plus élevée (près de 100 ms), limite les usages temps réel, mais reste supportable pour le streaming ou la navigation.

Test de sécurité

Fuites DNS, WebRTC et IPv6

Nous avons mené plusieurs tests sur plusieurs jours pour vérifier que NymVPN protégeait bien contre les fuites les plus courantes. Côté DNS, aucun passage par les serveurs du fournisseur d’accès n’a été détecté lors des requêtes, grâce au test réalisé sur dnsleaktest.com (édité par IVPN). Même chose pour les fuites WebRTC, qui peuvent parfois exposer l’adresse IP réelle via le navigateur : aucune fuite relevée selon browserleaks.com. Enfin, les connexions IPv6, souvent oubliées, ont été testées via IPv6leak.com (maintenu par PIA) sans rien à signaler non plus.

Siège social, politique de confidentialité et audit

NymVPN ne collecte aucune donnée de connexion, ne demande pas d’adresse mail et ne conserve aucun identifiant centralisé. L’unique clé d’accès est une phrase de 24 mots, générée localement et jamais stockée.

Une approche cohérente, prolongée jusque dans la structure même du réseau : pas de serveurs centralisés, mais un maillage de passerelles opérées de façon indépendante, dont la fiabilité repose sur un double levier d’incitation, réputation et rémunération. Chaque opérateur est rétribué en jetons NYM selon ses performances, et les internautes peuvent déléguer leurs jetons à des nœuds jugés fiables. Le tout forme un écosystème distribué, auto-régulé et résistant aux abus.

Côté cadre juridique, NymVPN est basé à Neuchâtel. Un ancrage suisse aujourd’hui remis en question par une réforme en cours, qui imposerait la levée de certains chiffrements internes. Un point de rupture pour l’équipe, qui menace de quitter le pays si la mesure est adoptée. En matière de transparence, le service va jusqu’au bout : code open source et audit complet et concluant mené par Cure53 en 2024.

NymVPN pour le streaming

NymVPN ne propose pas de serveurs optimisés pour le streaming, mais les performances observées suffisent largement pour visionner du contenu en ligne sans encombre, y compris en haute définition. Quel que soit le pays sélectionné, les plateformes testées – Netflix, BBC iPlayer, YouTube, Prime Video – sont restées accessibles et fonctionnelles, sans blocage ni baisse de qualité.

NymVPN pour le torrent

Pour comparer les performances en P2P, nous avons mesuré les temps de téléchargement d'une ISO de 6 Go (Ubuntu 24.04) à l'aide de qBittorrent, avec et sans VPN. Nous avons laissé le VPN sélectionner le meilleur emplacement et le meilleur protocole. Cette méthodologie a été suivie sur trois jours consécutifs, chaque matin.

Afin d'obtenir un graphique comparatif cohérent, nous avons rapporté les temps de téléchargement en pourcentages, de manière à obtenir un taux d'évolution représentatif de l'impact du VPN sur la connexion d'origine. Dans cette configuration, plus les valeurs affichées sont basses, meilleur est le service.

Pas de profil dédié au P2P chez NymVPN, mais les performances restent honorables. Lors de nos tests, le service affiche un ralentissement moyen de 27,8% par rapport à la connexion d’origine. Sur l’ensemble des VPN comparés, il se classe en troisème position derrière Mullvad et Proton, mais fait mieux que NordVPN, ExpressVPN ou CyberGhost. Un écart mesuré, qui permet de télécharger sans frustration ni perte notable de performance, même sur de gros fichiers.

NymVPN sur iPhone ou Android

On attend souvent d’un VPN qu’il propose une interface cohérente entre desktop et mobile, pour garantir un usage fluide quel que soit l’appareil. De ce point de vue, NymVPN tient parfaitement ses promesses. L’affichage reste identique d’un appareil à l’autre, tout comme l’organisation des menus et des fonctionnalités.

Les autres fonctionnalités de NymVPN

NymVPN ne cherche pas à empiler les options comme ses concurrents. Son cœur, c’est le mixnet. Et pour un service encore jeune, c’est déjà beaucoup.

Cela dit, la roadmap publique du projet laisse entrevoir de nombreuses évolutions. À court terme, plusieurs fonctionnalités sont en cours de développement : authentification biométrique, protection post-quantique, essai gratuit, connexion automatique aux serveurs les plus proches. D’autres ajouts sont déjà programmés pour les prochaines semaines : protection d’écran, split tunneling, blocage des traqueurs, personnalisation DNS, ou encore compatibilité avec des protocoles comme Shadowsocks ou Obfs4.

En clair, si l’interface paraît encore un peu brute, elle est appelée à s’étoffer rapidement.