Le conseil d'administration de Tesla, las de voir Elon Musk à Washington et l'action du constructeur automobile dégringoler, s'est mis en quête d'un remplaçant il y a un mois.

Alors que les profits de Tesla ont plongé de 71% au premier trimestre, le constructeur électrique a cherché des solutions pour se sortir de la crise, sans Elon Musk. Le conseil d'administration a mandaté plusieurs cabinets de recrutement pour dénicher le futur PDG, comme nous l'apprend le Wall Street Journal. Mais le milliardaire, absorbé par ses fonctions auprès de Donald Trump, a promis de « consacrer bien plus de temps à Tesla dès le mois prochain ».
L'alliance Musk-Trump ternit la marque Tesla et complique ses affaires internationales
Ces derniers temps, les nuages s'amoncellent au-dessus de Tesla. Pour la première fois en plus d'une décennie, les ventes de voitures électriques du constructeur américain ont reculé en 2024, ce qui force l'entreprise à réduire ses prix au détriment de ses marges. Et le fameux Cybertruck, impressionnant avec son design futuriste tant moqué par les comiques des late-show, n'a séduit que 39 000 acheteurs américains, loin des 250 000 ventes annuelles visées.
La proximité de Musk avec Trump semble avoir terni l'image de marque Tesla auprès de certains consommateurs, notamment en Californie, en Allemagne et même en France, où de nombreux propriétaires ont décidé de revendre leur voiture sur Leboncoin, la faute aux dérapages du fondateur de SpaceX.
Comble de l'ironie, cette relation privilégiée n'a pas protégé l'entreprise des tarifs douaniers imposés par le président, ce qui complique ses affaires en Chine et sa chaîne d'approvisionnement dépendante du Mexique et du Canada.
« Si vous lisez les informations, on dirait l'Armageddon », confiait Musk lors d'une réunion générale en mars. Il tentait alors de rassurer des employés qu'il n'avait pas adressés depuis des mois. Sauf que la valorisation boursière de Tesla, après avoir atteint un record de 1 500 milliards de dollars en décembre, a fondu jusqu'à 900 milliards aujourd'hui, suffisant pour inquiéter les investisseurs.
Elon Musk doit faire des concessions, et vite
L'avenir de Tesla à terme repose sur un pari technologique ambitieux. L'entreprise tente un virage stratégique de l'automobile vers l'intelligence artificielle et la robotique, incarné par le Cybercab sans volant et le robot humanoïde Optimus. Une vision portée par Elon Musk lui-même, qui imagine transformer Tesla en une entreprise valorisée à 30 000 milliards de dollars, bien loin de sa capitalisation actuelle.
En coulisses, les tensions s'accumulent tout de même. Un cadre californien de Tesla a confié à son équipe qu'il serait préférable que Musk démissionne, avant d'être poussé vers la sortie après la fuite de ses propos dans la presse. Pendant ce temps, certains membres du conseil, dont l'ancieur directeur technique de Tesla Jeffrey Brian Straubel, multiplient les rencontres avec les investisseurs pour les rassurer sur la gouvernance de l'entreprise.
Il y a un mois, donc, des membres du board de Tesla ont demandé à des cabinets de recrutement de dénicher le potentiel successeur d'Elon Musk. Pour évider de donner trop de poids à cette possibilité, l'homme d'affaires a été publiquement poussé à dire son intérêt envers Tesla. Ce qu'il a fait, en promettant de lui consacrer plus de temps « à partir du mois prochain », donc ce mois de mai.
Côté business, l'ouverture prochaine du service de robotaxis sans supervision humaine à Austin fin juin sera-t-elle la bouée de sauvetage tant attendue ? Les dirigeants redoublent d'efforts pour convaincre que l'avenir autonome est imminent, alors que la concurrence s'intensifie avec Waymo d'Alphabet et Zoox d'Amazon. « Nous ne sommes pas au bord du gouffre, loin de là », assure pourtant un Elon Musk optimiste, malgré la tempête qui s'abat sur son empire électrique.