On ne vous apprendra sans doute rien en annonçant que le streaming audio représente maintenant l’immense majorité des revenus du marché de la musique, en France comme dans le monde. Une nouvelle étude, menée par Statista, appui un fait encore plus marquant : la grande majorité des consommateurs de musique n’ont pas utilisé une seule fois un support physique lors de l’année 2024.

- En 2024, 76% des consommateurs français n'ont pas utilisé de supports musicaux physiques, privilégiant le streaming audio.
- Malgré le déclin des supports physiques, les ventes de vinyles ont surpassé celles des CD en chiffre d'affaires.
- Les 15-34 ans montrent un regain d'intérêt pour le vinyle, représentant 40% des acheteurs.
Comme souvent, un simple sondage est un peu léger pour tirer des conclusions sur le marché. En effet, tout n'est pas aussi alarmant pour le CD, le vinyle, et les autres formats plus exotiques (K7, SACD, DVD Audio).
Une étude peu étoffée, mais des signes clairs
Publiée le 11 avril, l’étude menée par Statista compte sur un panel de taille moyenne (entre 2000 et 10 000 personnes) avec des individus de tous âges (18 – 64 ans). Si quelques données manquent, comme le nombre de pays total intégrés à cette étude, le signal est assez clair : le support musical physique paraît de plus en plus délaissé. En France, par exemple, environ 76 % des sondés déclarent ne pas avoir utilisé de support physique lors de l’année, ce qui inclut le CD, mais également le vinyle.

Derrière ces chiffres apparaît un point très concret : la praticité de la musique dématérialisée, symbolisée par l’essor des plateformes de streaming et des protocoles connectés. Nombre de ces plateformes, comme Apple Music, Tidal, ou Qobuz, permettent même d’aller théoriquement plus loin qu’une qualité CD, limitée à une dynamique de 16 bits et un taux d’échantillonnage de 44,1 kHz, pour atteindre jusqu’à 24 bits et 192 kHz sur les meilleures plateformes. Si l’intérêt d’une telle qualité reste discutable sur la qualité d’écoute réelle, cela montre avant tout que les supports physiques ne peuvent même plus invoquer l’argument de la supériorité technique. La messe est donc dite pour le support physique ?
La mort du support physique, vraiment ?
Derrière ce chiffre qui pourrait sembler sans appel se cache une réalité un peu moins déprimante pour les affionados du physique. Qu’environ 24 % seulement des Français aient utilisé un CD, vinyle, ou encore la bonne vieille K7 au cours de l’année reste très faible, mais pas ridicule. D’une part, l'écoute est devenue de plus en plus nomade avec la démocratisation des smartphones, ce qui rend la plupart des formats physiques caduques. D’autre part, et cela est un signe plutôt encourageant, les ventes physiques ne baissent plus vraiment depuis 4-5 ans.
Si l’on en croit une étude du syndicat national de l’édition phonographique (SNEP), menée sur la période 2024 : les ventes physiques ont connu une croissance de 1,3 %, croissance qui selon le SNEP n’avait pas été observée depuis 11 ans. Pour la première fois, le chiffre d’affaires généré par les vinyles (98 M€) a dépassé le chiffre d’affaires généré par les ventes de CD (91 %), bien que ces derniers soient toujours nettement devant (2/3 des ventes) en termes de volume. Ce dernier connaît toutefois une baisse des ventes par rapport à l’année dernière, après quelques années de hausse post-Covid.
Mais le point le plus étonnant vient du profil des acheteurs. En effet, la majorité (relative) des acheteurs de CD et vinyles sont dans la tranche des 15-34 ans, génération qui n’a pourtant pas connu les deux supports à leurs apogées. Cette tendance est d’autant plus forte avec le vinyle, sur laquelle les 15-34 ans représentent 40 % des acheteurs.
S’il est difficile de parler d’une véritable lame de fond qui permettra, à termes, un véritable retour du physique par rapport au dématérialisé, cette sorte d’anomalie perdure depuis quelques années. Nous ne sommes donc plus dans un simple phénomène de mode, mais dans un retour à l’objet, et tout ce que cela implique : nostalgie (plus ou moins fantasmée), sacralisation de l’écoute, propriété du support, transmission, et retour à un contact humain dans les points de ventes. Le CD, certes plus qualitatif, possède une partie de ses avantages, mais reste le séant entre deux chaises, car n’a rien du bel objet avec une immense pochette.
Et vous ? Quel est votre rapport au support audio physique ? Pourquoi l’utilisez-vous toujours ou pourquoi le fuyez-vous ? N'hésitez pas à nous donner votre avis en commentaire.