Face aux divers acteurs majeurs du Web qui commencent à manifester leur intérêt pour racheter le navigateur Chrome, la filiale d'Alphabet commencerait-elle à s'inquiéter ? Elle insiste en tout cas et affirme qu'elle seule peut correctement le gérer.

La justice américaine considère que le navigateur Chrome et ses 66% de parts de marché mondial contribue à maintenir la position dominante de Google sur le secteur de la recherche et de la publicité en ligne. La firme de Mountain View pourrait se voir obligée de le revendre. Mais elle ne compte pas se laisser faire.
Chromium : un projet open source, finalement pas si ouvert
En fin de semaine dernière, devant le juge de la cour de Washington, Parisa Tabriz, directrice générale de Chrome, a plaidé la cause de son entreprise. Selon Bloomberg, elle a martelé un message clair : seul Google peut faire fonctionner Chrome à son niveau actuel. Selon elle, le navigateur est le fruit de 17 années de collaboration étroite entre les équipes Chrome et l’ensemble de Google.
Ces relations transverses auraient permis de bâtir un écosystème riche en fonctionnalités avancées comme la navigation sécurisée ou l’alerte en cas de fuite de mots de passe. Ces services reposent sur l’infrastructure et les technologies internes de Google, rendant toute séparation « sans précédent » et, selon Tabriz, vouée à l’échec.
La dirigeante rappelle que Google a massivement investi dans le code open source de Chromium, fondement du navigateur Chrome. L'entreprise y aurait contribué à hauteur de 90% depuis 2015. Pour ce faire, Google aurait dépensé des "centaines de millions de dollars" en mobilisant près 1000 ingénieurs. Et d'affirmer : "je ne pense pas que cela pourra être répliqué".
Pour Tabriz, retirer Chrome de l’écosystème Google reviendrait à affaiblir ses performances, sa sécurité et sa capacité d’innovation, notamment dans l’intégration de l’intelligence artificielle, un axe stratégique pour l’avenir du navigateur.
OpenAI, Yahoo, Perplexity : la ruée vers Chrome
Si la justice impose la vente de Chrome, plusieurs prétendants sont déjà sur les rangs. OpenAI, créateur de ChatGPT, a clairement exprimé son intérêt : acquérir Chrome permettrait à l’entreprise d’offrir une expérience de navigation "centrée sur l’IA" et d’intégrer profondément ses agents intelligents dans l’usage quotidien du web. OpenAI a même recruté d’anciens ingénieurs de Google, artisans du succès initial de Chrome, pour préparer ce virage stratégique. Nous apprenions en fin d'année dernière que l'entreprise planchait sur son propre navigateur Web.
C'est également le cas de son rival Perplexity qui dévoilera le mois prochain Orion, son propre navigateur basé sur Chromium. L’entreprise affirme pouvoir gérer Chrome à grande échelle sans sacrifier la qualité. Le PDG Aravind Srinivas ne s'en cache pas, l'objectif est de collecter un maximum d'informations sur les internautes pour leur retourner de la publicité extrêmement ciblée certainement, elle-même aussi, générée par IA.
En fin de semaine dernière, nous apprenions aussi que Yahoo voit dans Chrome une opportunité de relancer son activité de recherche. L'ancienne star du Web planche actuellement sur son propre navigateur. Brian Provost, responsable de Yahoo Search, estime qu’un tel rachat pourrait faire passer la part de marché de Yahoo de 3 % à des chiffres à deux chiffres, en s’appuyant sur la base d’utilisateurs massive de Chrome.